Remarque d’auteur n° 5 : Le syndrome de la page blanche survient si l’auteur revêt le costume de l’écrivain comme un gamin endosse une panoplie de mousquetaire, s’apercevant qu’elle n’est pas à la bonne taille, que l’épée est bidon, qu’il n’est pas à la bonne époque et qu’il est ridicule.
Il circule tellement de clichés sur l’angoisse de la page blanche que cela doit cacher quelque chose de l’ordre du marketing éditorial. L’auteur potentiellement primé doit être torturé, paralysé par le doute, limite névrosé. C’est un packaging qui fait vendre. Est récurrente l’anecdote de l’écrivain atteint de ce mal, renfermé à clé dans une chambre d’hôtel par son éditeur pour écrire un livre qui, ô surprise, recevra un prix prestigieux… citons François Weyergans, prix Goncourt 2005, pour le filandreux Trois jours chez ma mère… Idem pour Blondin : « Son éditeur l’a tout simplement enfermé dans un hôtel à Mayenne pendant vingt-huit jours (…) Blondin n’avait pas la clé, et tous les soirs, l’éditeur passait relever la copie » rapporte Assouline. Dans le roman La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker aborde en long et en large ce syndrome de la page blanche, pour finir par ce constat que l’écriture donne un sens à sa vie.
Trouver un sens à son existence ne passe pas nécessairement par l’écriture, acte de communication impliquant un destinataire à satisfaire ; faire un potager peut remplir avantageusement la même fonction, en moins narcissique.
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